Retour à la page de Jean-Pierre et Geneviève EUSTACHE-DINAND Dossier d'Artiste Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris Ses années passées à Grenoble Ses années passées à Orléans Concours Internationaux Ses affiches de concerts Ses éleves Ses différents Professeurs Ses rares enregistrements d'époque Lire et signer son livre d'Or Les liens Son mariage Les hommages suite à sa disparition


in english, soon

Téléchargez la revue de presse en français de Geneviève Eustache-Dinand

En plus de son habileté à se jouer des traits difficiles, cette artiste a une sensibilité aiguë qui lui fait exprimer, par ses doigts légers et souples, les pensées les plus enveloppées des compositeurs. On sent, chez elle, le souci constant de rester toujours très près de l'œuvre, et quand sa personnalité se fait jour, c'est uniquement pour servir fidèlement l'auteur et l'instrument qu'elle aime.

Dauphiné Libéré - Triolet


______________

Succès d'une Angevine.
au Conservatoire National de Musique

Geneviève DINAND, Premier prix de piano


Nous sommes particulièrement heureux de signaler le beau succès obtenu à Paris par Mlle Geneviève Dinand, au récent concours de piano du Conservatoire. La jeune lauréate, qui fait ainsi honneur à l'Anjou, est née à Baugé. Ses parents qui sont Angevins habitèrent quelque temps cette ville, où son père, M. Raymond Dinand, commença sa carrière avant d'être nommé à Paris inspecteur principal des Contributions directes. Elle est également la petite-fille de M. Maynier, le regretté magistrat qui fut président de Chambre à la cour d'Appel d'Angers. Au sein d'une famille cultivée, amie des Lettres et des Arts (sa sœur Nicole deviendra pianiste elle aussi) - des Sciences, son frère est polytechnicien - Geneviève Dinand trouva de bonne heure sa voie, où l'engageaient d'ailleurs des dons réels et une précoce vocation. Sa formation artistique fut des plus heureuses. C'est à Angers, auprès de Mlle Marie-Josèphe Dallet, avec qui elle commença le piano, qu'elle recueillit, dans un enseignement éclairé, les conseils dont dépendit la rapidité des progrès. Mlle Dallet, qui est ancienne élève diplômée de l'Ecole Normale de Musique à Paris et disciple de Mme Bascouret de Gueraldi, ne pouvait faire mieux que la confier ensuite à ce professeur éminent. C'est ainsi que Geneviève Dinand, véritable nature, obtint très vite le diplôme de virtuosité dans cette classe supérieure, avant d'entrer au Conservatoire dans celle de Marcel Ciampi (qui a remporté justement cette année de nombreuses et flatteuses récompenses). Ses études terminées, elle sort aujourd'hui victorieuse, après ce concours très difficile, dont le programme imposait " Kreisleriana " de Schumann, " Barcarolle " de Roger Ducasse, " Etude " de Liszt, d'après Paganini, pièces de style rigoureux et souvent de bravoure, exigeant la justesse d'expression dans la précision de la technique. Vrai tournoi, qui réunissait 42 concurrentes dont la vaillance, pendant ces trois journées, ne fut pas moindre que celle du patient jury attentif à départager leurs mérites. Et Geneviève Dinand qui s'est distinguée par un jeu très en place, et une vive intelligence des textes, par une sûreté et une sobriété qu'on ne saurait trop louer, vient d'indiquer là, ce qu'on peut attendre d'elle, avec sa sensibilité et les qualités d'un talent qui saura s'imposer.
Maxime BELLIARD - 1950

LES AUDITIONS D'ELEVES de Melle M.J DALLET

A la dernière heure, nous apprenons le beau premier prix remporté au Conservatoire de Paris par l'ancienne élève de Mlle Dallet, Mlle Geneviève Dinand, qui était devenue une des plus intéressantes disciples de l'éminent Marcel Ciampi - après avoir passé par les mains de Mme Bascouret de Guéraldi, à qui Mlle Dallet l'avait confiée. A tous nos bien vifs et sincères compliments.
H.J.D - 1950

Un grand spectacle de bienfaisance

Mlle Geneviève Eustache Dinand, premier prix du Conservatoire de Paris, professeur au Conservatoire de Grenoble, que l'on entendra le jeudi 10 mai au Théâtre municipal, au cours du gala organisé au profit de l'Association pour le Logement familial.
Dauphiné Libéré 1952.

haut de la page

Le beau concert de Geneviève DINAND Et de Suzanne LEMOINE

Ce fut celui de la jeunesse. Deux frais talents se manifestèrent ce soir là : nous connaissions déjà celui de Mlle Dinand pour l'avoir apprécié l'an passé. Sa technique a encore progressé et il semble bien que, sur ce point, elle n'ait plus rien à acquérir ; une plus grande virtuosité n'aboutirait qu'à la seule virtuosité, sèche et stérile. Débarrassée maintenant de ce souci, nous la trouvons aux prises avec les vrais problèmes de la musique : la compréhension profonde des œuvres et des desseins de leurs auteurs, les mystères qu'il faut sentir et le haut message à transmettre. La jeunesse de Mlle Dinand lui laisse tout le temps de penser à son art, d'en mesurer la grandeur et de trouver les solutions de ces difficiles missions. Le grand succès de Mlle Lemoine tient à sa maturité musicale et à cette sorte d'émotion contenue de réserve qui marquent ses interprétations. Une virtuose pourrait se laisser emporter par la beauté intrinsèque du son, par la fluidité des arpèges et la matière sonore de la harpe. Mlle Lemoine sait éviter ces facilités et, si elle connaît toutes les ressources de son instrument, elle les utilise pour leur seule fin valable : la musique. Le public comprit bien quelle musicalité se manifeste sous tant de simplicité et de retenue qui lui fit de sincères ovations.
INTERIM - 1953

Une pianiste sensible, Geneviève DINAND

Il est bien difficile de faire une discrimination parmi les œuvres que cette artiste a jouées hier soir à l'A.P.P.S. Toutes sont parmi les plus représentatives de la personnalité des compositeurs inscrits au programme. Ainsi la Polonaise en mi bémol où l'on retrouve l'âme passionnante patriotique et tumultueuse de Chopin. Ainsi les Kreisleriana de Schumann, " folles et parfois nues rêveuses " comme il l'écrivait à sa fiancée Clara Wieck, qui joua dans ces compositions, " le rôle principal ".

On sait que Liszt a vu ses œuvres traitées de " musique de pianiste " et, avec l'étude n°4, on serait tenté d'y trouver une justification à ce qualificatif dédaigneux. Cependant, quand on l'a entendue interprétée par Geneviève Dinand, avec sa légèreté de touche, sa grâce persuasive de la phrase, on ne peut s'empêcher de s'apercevoir que les ingénieuses et difficiles combinaisons de Liszt ne sont pas un but, mais un moyen, celui de faire rendre à cet instrument merveilleux qu'est le piano, toutes ses possibilités de sonorités et d'expressions.

Après l'Ondine de Ravel, qui surgit d'un scintillement de notes perlées, après l'Alborada del Gracioso, nerveux et pittoresque, Geneviève Eustache-Dinand a magnifiquement interprété les variations divertissantes de Stekel, dont nous avons déjà rendu compte lors de leur audition à Paris. L'interprète s'est fort bien tirée des nombreuses difficultés techniques qu'elles contiennent, notamment dans la 4ème Variation en si mineur, et la 7ème, un allegro rapide.

En plus de son habileté à se jouer des traits difficiles, cette artiste a une sensibilité aiguë qui lui fait exprimer, par ses doigts légers et souples, les pensées les plus enveloppées des compositeurs. On sent, chez elle, le souci constant de rester toujours très près de l'œuvre, et quand sa personnalité se fait jour, c'est uniquement pour servir fidèlement l'auteur et l'instrument qu'elle aime. Cette fidélité, ce respect, cet amour, ne sont-ils pas le secret de cette grâce persuasive dont nous parlons plus haut ?
D.L 1952 - TRIOLET

CARNET BLANC

Nous apprenons avec plaisir le mariage de Mlle Geneviève Dinand, professeur de piano à l'Ecole Nationale de Musique de Grenoble, avec M. Eustache, professeur de flûte dans le même établissement. L'un et l'autre sont fort connus à Grenoble, où leur talent a été apprécié dans de nombreux concerts. Leurs dons pédagogiques ne sont pas moins remarqués. Un lunch sera servi samedi à 18 heures, à l'hôtel finaliste à Fontaine. Notre journal est heureux de présenter ses félicitations et ses vœux de bonheur à ces sympathiques et distingués artistes.

Hyménée

Samedi ont été unis par le mariage deux professeurs de l'Ecole nationale de musique : Mlle Geneviève Dinand, professeur de piano, et M. Jean-Pierre Eustache, professeur de flûte, également soliste de notre Orchestre symphonique. Au nom de leurs nombreux élèves, de leurs collègues et de tous les musiciens qui suivent les Concerts symphoniques de Grenoble, nous leur présentons nos vœux les plus choisis de bonheur.

haut de la page

HIER SOIR AU THEATRE
Excellente reprise des Concerts
De l'Orchestre symphonique du Conservatoire

(Le Dauphiné Libéré - 23 octobre 1957)

Le début de la saison symphonique a été marqué hier par un remarquable succès justement mérité par l'orchestre du Conservatoire que dirigeait avec sa maîtrise habituelle M.E-P Stekel. Il y a longtemps que nous n'avions personnellement entendu cet ensemble. Nous l'avons trouvé changé à son avantage ; il nous a paru posséder plus de cohésion, plus d'ampleur, de délicatesse et de puissance.

Ce n'est pourtant qu'un début de saison et l'orchestre ne jouait pas au complet - il s'en faut - la grippe ayant causé maintes absences parmi les exécutants. Ce concert a commencé par "La Symphonie n°101 " " l'Horloge ", de Joseph Haydn, l'une des plus marquantes, des plus séduisantes aussi dans l'œuvre abondante du maître. Composée en 1794 en Angleterre, elle appartient au groupe des symphonies dites " de Londres ", on sait de le nom l' "Horloge " lui fut donné en raison du motif rythmique régulier qui soutient le thème de l'Andante et qui évoque le mouvement d'une horloge. Elle a été hier soir rendue avec beaucoup de Brio.

En numéro deux du programme devait figurer le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op 77 de Johannes Brahms, avec en soliste Mme Flora Elphège. La grippe, hélas, l'ayant terrassée, nous fumes privés du plaisir de qualité d'entendre cette brillante artiste dont on a apprécié souvent le talent et l'art avec lequel elle sait faire chanter son violon. Mais grâce à Mme Geneviève Eustache-Dinand, qui accepta en dernière minute d'interpréter le 4è concerto pour piano et orchestre de Beethoven, la satisfaction qui nous fut enlevée fut remplacée par une autre aussi délicate.

Ce concerto est une œuvre magnifique ; il est caractérisé par une certaine liberté, notamment dans son départ : il débute par une phrase au piano, reprise en suite par l'orchestre à l'inverse de l'ordre habituel. Le deuxième mouvement est essentiellement dramatique, piano et orchestre se répondant étroitement. Le troisième mouvement, rondo vivace est rapide, plus gai, léger.

Son exécution représentait pour la soliste une lourde responsabilité, car elle n'avait pas eu la possibilité de le répéter comme elle aurait désiré le faire. Cependant, après un début quelque peu contracté, Mme Eustache-Dinand retrouva très vite tous ses moyens. Elle joua avec une technique très sûre et beaucoup de sensibilité qui lui valurent plusieurs rappels et une ovation de la part du public enthousiasmé.

Après l'entracte, M. Stekel dirigea la " Pavane " de Gabriel Fauré, morceau tout en harmonies subtiles, chantant, délicat et charmant, caractéristique de la finesse nuancé du musicien. Pour terminer, ce fut la 8ème symphonie en fa de Beethoven. Composée en 1812, cette symphonie n'a pas la concentration tragique de la 7è ou la 9è, entre lesquelles elle est incorporée. Elle est enjouée, impertinente et garde le reflet ou l'écho des chansons d'une heureuse saison et d'un bel amour d'automne : " celui que Beethoven voua à la cantatrice Amélie Sébald ", a écrit le musicologue José Bruyr. Cette œuvre, la plus courte des symphonies de Beethoven est pleine de gaieté.

Le premier mouvement, allegro vivace con brio est très rapide. Certains passages furent, nous semblent-il, un peu lents. Le deuxième mouvement, très rythmé, fut remarquablement rendu. Il dépeint le métronome que Maeizel, ami de Beethoven, venait d'inventer. Le menuet du troisième mouvement est un jeu continuel de timbres et d'harmonies. Le final, enfin, est le mouvement le plus travaillé de l'ensemble. Certains y ont retrouvé l'écho d'un thème hongrois.

M. Stekel t l'orchestre du Conservatoire ont su, dans cette symphonie pleine de vie, trouver " l'étincelle " qui enflamma le très nombreux auditoire. Gage probant de beaucoup d'autres, cette première soirée fut d'une qualité excellente.
J.R - 1957

Maître Eric-Paul Stekel dirige l'exécution de " Pavane " de Gabriel Fauré

Mme Geneviève Eustache-Dinand, qui fut très applaudie dans le Concerto numéro 4 pour piano et orchestre de Beethoven (Photo D.L)

haut de la page


AUX J.M.F.
FESTIVAL BEETHOVEN

Avec Geneviève EUSTACHE-DINAND


Pour leur dernier concert, les J.M.F. ont fait appel, tout comme l'an dernier, à E.P. Stekel et à l'Orchestre du Conservatoire. Il faut voir dans cette démarche non seulement courtoisie mais aussi hommage à celui qui, au long de l'année, s'efforce de donner à l'orchestre et à Grenoble la renommée que l'un et l'autre mérite. E.P. Stekel a donc décidé d'inscrire au programme trois œuvres de Beethoven : l'ouverture d'Egmont, le 4ème concerto pour piano et la IIIe symphonie. On ne peut s'empêcher de remarquer, à cet égard, que le répertoire de notre orchestre est nombreux, varié, vaste, et que pourtant, E .P.Stekel n'est point embarrassé pour composer un programme.

Quand on aura évalué le travail nécessaire à la mise en place de telles œuvres (la IIIe notamment) : quand on aura dénombré les difficultés qui doivent être vaincues ; quand, enfin, on aura apprécié, à leur indéniable valeur, les efforts déployés pour ce festival Beethoven, on conviendra que notre orchestre et son Chef ne manquent ni d'ambitions ni de ténacité, gages de réputation. Il fallait que ces choses fussent dites et je les dis sans ambages. Les fidèles aux concerts déploreront toujours de ne pas entendre Mme Geneviève Eustache-Dinand plus souvent, cette jeune femme, professeur de piano au conservatoire, fut, le sait-on, élève de Cortot auquel, sans conteste, elle doit les qualités du jeu, le sens de l'attaque de la touche et, pour tout dire, cette fluidité propre au grand maître du clavier.

Nous craignons, quant à nous, que Mme Eustache-Dinand eût maille à partir avec les défauts mêmes de ses qualités. On ne peut interpréter un concerto de Beethoven (surtout le 4ème) comme on " coulerait " par exemple la Fantaisie impromptu de Chopin. Nos craintes n'étaient point fondées. Mme Eustache-Dinand n'a point été embarrassée par cette manière un peu incisive, voire fruste, caractéristique du 4è concerto. Il est vrai d'ailleurs que celui-ci parmi les " 5 " du compositeur se distingue par une fantaisie spontanée, une rondeur, une verve joyeuse que ne contiennent point les autres.

Quant aux difficultés mêmes de l'œuvre, Mme Eustache-Dinand nous a confié que le 4è concerto était le plus difficile d'exécution. Nous eussions parié le contraire. Mais n'est-il point vrai que le talent consiste précisément à donner l'illusion de la facilité ? On aura remarqué avec quelle aisance Mme Eustache-Dinand a interprété le 1er mouvement - difficile - du concerto, avec quel brio elle a joué le rondi final. Technique parfaite, sens de la nuance congrue, délicatesse du jeu… C'était assez pour que le public applaudisse chaleureusement cette jeune femme qui a l'étoffe du concertiste.

Le concert qui avait débuté par la célèbre ouverture d'Egmont (on nous excusera, mais on nous comprendra de n'en point trop parler) se termina par l'exécution de la IIIe Symphonie, la célèbre " Sinfonia Eroica ". E.P. Stekel, qui commenta chaque œuvre avant que de la diriger, fit rapidement la genèse de cette œuvre dont on sait qu'elle fut primitivement dédiée à Bonaparte. Le Chef précisa que cette oeuvre monumentale marquait le début de la vraie manière de Beethoven, dont la deuxième Symphonie est empreinte du style de Haydn. On ne dira jamais assez que la mise en place de cette troisième Symphonie équivaut un tour de force. L'Orchestre s'est hissé à la hauteur de ce monument.

Il a su recréer l'atmosphère de l'admirable " Marche funèbre ", (deuxième mouvement : ce qu'en allemand on appelle la " Durchfuhrung "). Il su être gai avec le troisième mouvement, synthèse des deux premiers. Bref, il a été l'artisan, conduit fermement par E.P. Stekel, de cette troisième Symphonie, œuvre clef de ce concert des J.M.F. Il faudrait ici citer chaque musicien l'un après l'autre. MM. Bouyssie, Eustache, Monchanin, finaliste et Coste - phalange inaltérable de l'orchestre - dans le même temps que les habitués auront déploré l'absence de Mme Flora Elphège.
L.-J.-D. Le Dauphiné Libéré - Avril 1958


Demain mercredi, à 21 h au théâtre
UN GRAND CONCERT SYMPHONIQUE


Demain, à 21h précises aura lieu le deuxième concert symphonique de la saison sous la direction d'E. P. Stekel. Un très beau programme attirera la grande foule des mélomanes. C'est d'abord Bach avec sa grandiose suite n°2, en do majeur. On sait que Bach composa quatre suites pour orchestre probablement destinées à un orchestre d'étudiants à Leipzig. Cette suite qui est dans le style français et contient, à part une ouverture, une gerbe de danses françaises du XVIIIè siècle, telles que : courante, bourrée, foriane, menuet, gavotte et passe-pied est un chef-d'œuvre d'écriture et d'expression musicale. Deux autres chefs-d'œuvre du même compositeur que l'on a jamais entendu à Grenoble, attirent la curiosité de notre public. Ce sont les deux concertos pour trois pianos et orchestre qui sont interprétés par G. Doulat-Michelon, Geneviève Eustache-Dinand et M. Martin.

M. Félicien Wolff, professeur à l'Ecole nationale, a composé la cadence exigée pour le deuxième de ces concertos. En fin de programme, une très belle œuvre d'un des compositeurs les plus discutés de notre époque, dont le nom est devenu un cri de bataille pour la jeunesse musicale : Arnold Schönberg. On entendra son beau poème symphonique : La Nuit transfigurée qui a comme sujet la discussion passionnée d'un couple d'amoureux au clair de lune. Il est prudent de louer ses places au Théâtre.
Le Dauphiné Libéré.1958


Au Brésil,
succès de Geneviève Eustache-Dinand

Professeur au Conservatoire


Du 14 au 30 août 1959 a eu lieu à Rio de Janeiro un grand concours international de piano auquel a participé Geneviève Eustache-Dinand, le distingué professeur de notre Ecole Nationale de musique. C'est avec un diplôme d'honneur qu'elle nous revient, et nous ne pouvons que l'en féliciter car il y avait 10 récompenses sur 70 candidats présents à ce concours. 21 nationalités y étaient représentées et la France avait deux candidats. Geneviève Eustache-Dinand a exécuté avec une très grande musicalité le nocturne de Chopin op. 37 n.2. L'étude des gammes de Paganini-Listz.

Notre confrère, le finaliste de Manha, le grand quotidien de Rio sous la plume de son critique musical, souligne la personnalité expressive de Geneviève Eustache-Dinand dans l'exécution de la Bourrée fantasque de " son compatriote " Chabrier, valorisant à l'extrême la pièce du maître français. Le quotidien O Globo, à la même date, commente la haute école de cette pianiste et la maîtrise qu'elle a eue en présentant une excellente étude du Brésilien Oswald, laquelle du reste a été fort applaudie. Nous rappelons que Geneviève Eustache-Dinand avait obtenu, il y a trois mois, lors du concours international de Barcelone, un diplôme d'honneur et reçu, il y a trois ans, le prix Busoni, en Italie. Maître Stekel peut être fier de ses professeurs, cela démontre leur valeur et la qualité de l'enseignement dispensé à notre Ecole de Musique


GENEVIEVE EUSTACHE-DINAND

Professeur au Conservatoire

LAUREATE DU CONCOURS
INTERNATIONAL DE BARCELONE


Mme Geneviève EUSTACHE-DINAND, vient de remporter le premier diplôme d'honneur au concours International de piano de Barcelone (Espagne), concours qui a eu lieu du 5 au 12 avril 1959. Parmi les 62 candidats de 12 nations : Espagne, Portugal, Italie, France, Suisse, Allemagne, Angleterre, Suède, Norvège, Brésil, Indes, Japon, dont 21 Français, elle a été classée la première des Françaises et reçue troisième derrière le Japon et l'Italie.

Cette grande pianiste qui a joué des œuvres d'Albeniz et de Turina, a été en outre félicitée par le Jury du concours comme étant la meilleure interprète de la musique Espagnole. Nous rappelons que Mme Eustache-Dinand avait déjà réussi brillamment au concours Busoni à Bolzano (Italie) en août 1953. C'est une artiste qui honore notre ville et notre conservatoire


Inaugurado Solenemente o
II Concurso Internacional
De Piano do Rio de Janeiro
Ontem, no Teatro Municipal, Foram Apresentados à Platéia Carioca od Candidatos do Certame de 1959 - Hoje, à Noite, as Primeiros Eliminatorios (TEXTO NA QUARTA PAGINA)

No palco do teatro Municipal, o jùri e os candidatos as II Concurso Internacional de Piano recebem aplausos no ato inaugural
Geneviève EUSTACHE-DINAND est à droite !


haut de la page


Les Instruments de la musique dans un brillant concert éducatif Grenoble

C'est à l'amphithéâtre Marcel Reymond qu'avait lieu, hier soir, une séance à la fois peu ordinaire et pleine d'intérêt… En effet, l'Office Départemental de la Coopérative Scolaire et l'Institut Dauphinois de l'Ecole Moderne avaient eu l'excellente idée de profiter du talent des professeurs de l'Ecole Nationale de Musique, pour faire une présentation des " Instruments de la Musique " ; c'était là, un point de départ, une base, pour mettre au point une séance avant tout éducative, devant s'adresser aux Normaliens, comme aux scolaires de tous ages…

Les organisateurs parvinrent finalement au stade du véritable concert, dont le programme comportait, d'une part, un côté instructif, par la présentation effective d'instruments dans le contexte de la littérature pour instrument seul, groupés par la suite dans les formations de musique de chambre, et, d'autre part, ce côté divertissant et agréable propre à tout concert. Cette astucieuse " leçon de musique " débutait par un exposé clair et simple qui replaçait la séance dans son cadre, et donnait un aperçu du contenu du programme… Au cours de ce même exposé, les organisateurs furent chaudement félicités et remerciés.

Puis nous entrions dans le vif du sujet avec un trio de Haydn pour violon, alto et violoncelle. Venait, ensuite, la série des " instruments seuls " ; le violoncelle dans une suite-partita de J.S Bach ; la flûte dans des pièces de Jade et dans une fontaine acrobatique écrite dans le style des morceaux de concours ; d'Alto, dans le premier mouvement d'une sonate dont l'instrumentaliste était l'auteur ; le hautbois, dans un Concerto de Haendel, et le violon dans Tzigane de Maurice Ravel.

La deuxième partie vit ces instruments s'associer, se grouper, pour mieux dialoguer. Les auditeurs purent ainsi apprécier deux trios de Beethoven, l'un pour flûte basson et piano, l'autre pour clarinette, violoncelle et piano ; le quintette à vente de J. Castella, créé hier soir, pour la plus grande joie du compositeur qui était dans la salle ; le 1er mouvement du Quatuor de E.P. Stekel et les " Pièces brèves pour quintette à vent " de Jacques Ibert.

On fit donc la revue des divers " instruments de musique " et on eut aussi le plaisir d'entendre des œuvres de musique de chambre peu connues. Les animateurs de cette soirée étaient tous professeurs à l'Ecole Nationale de Musique, donc de brillants artistes et interprètes. Ils sont d'ailleurs bien connus à Grenoble pour les précieux enseignements qu'ils prodiguent, et pour leur talent qui, partout, est toujours fort remarqué. La violoncelliste Nicole Orset, les violonistes Flora Elphège et Maurice Brunet, l'artiste Mario Davèze, l'ensemble de vents : Jean-Pierre Eustache (flûte), Jean Monchanin (hautbois), Max Coste (clarinette), Pierre Ravaille (cor), Gérard Dartigolles (Basson), enfin Mme Eustache-Dinand, remarquable pianiste et accompagnatrice. C'était là une très heureuse initiative que d'associer l'Ecole Normale et le Conservatoire dans des buts de coopération éducative. Puisse-t-elle se renouveler et que les organisateurs en soient remerciés !
L. GARDE


haut de la page


Réunion de famille A l'Ecole Nationale de Musique


Les professeurs de l'Ecole nationale de Musique, entourent leur Directeur : M. Eric-Paul Stekel. (Photo Dauphiné Libéré)


L'Ecole Nationale de Musique présentait, hier, aux anciens, les nouveaux professeurs reçus au dernier concours, MM.Ravaille (cor), Davèze (alto), Dartigolles (basson) et Loyer (trombone et tuba). Ainsi donc, " la grande famille du corps professoral ", pour reprendre l'expression du directeur Eric-Paul Stekel, s'est agrandie de quatre artistes et pédagogues que nous envient les plus grandes villes de France. C'est ainsi, nous le révèlerons pour les derniers sceptiques, que M.Loyer était pressenti et même impatiemment attendu à Lyon, comme soliste à l'Opéra !

Et voila notre Ecole Nationale de Musique promue " aux premières places des succursales ou conservatoire de Paris " ; nous ne faisons encore que répéter les propos tenus par d'éminents Maître, Grands Prix de Rome, dans un jury national dont nous faisons partie cet été, où nous les avons entendu prononcer. Une équipe solide préside maintenant aux destinées de la musique à Grenoble. Une équipe enfin une, où tous, du même élan et avec la même fois, travaillent dans une atmosphère de paix, à la renaissance artistique de notre ville. Une équipe décidée aussi à suivre jusqu'au bout le directeur dans ses audacieuses entreprises.

Mais est-il exact de parler encore de renaissance musicale ? N'a-t-on pas vu refuser beaucoup de monde aux deux récents Concerts Symphoniques ? N'a-t-on pas déjà enregistré des succès d'élèves, sur le plan national, dans des concours très difficiles ? Ne voit-on pas un plus grand nombre d'élèves décidés à mener très loin leurs études musicales ? Et ne peut-on pas constater, dans la maison de verre qu'est devenu notre conservatoire, un climat de joie, de confiance, d'affection même entre élèves et professeurs ? Après Grenoble ville touristique, Grenoble ville universitaire, voici enfin venu le temps de Grenoble ville musicale. Et ce n'est pas nous, qui avons toujours défendu cette cause, qui nous en plaindrons !
TRIOLET.


Dans les salons de la Préfecture
Brillant concert de l'orchestre
de Chambre du Conservatoire.



L'orchestre de Chambre : Mme Eustache-Dinand (pianiste ; M. Eustache (flûtiste) ; Mme Elphège (violoniste) et Mr E. P Stekel, directeur du Conservatoire.

C'est dans les salons de la préfecture que l'orchestre de chambre du Conservatoire donnait, hier soir, le premier concert de l'année, consacré aux deux plus grands maîtres classiques : Haendel et Bach. Les intempéries saisonnières n'avaient pas arrêté un public nombreux et enthousiaste. Il n'est rien de mieux, à Grenoble, que les salons de la préfecture (obligeamment mis à la disposition de M.Stekel par M.le Préfet de l'Isère) pour servir de salle à l'exécution d'une musique écrite pour " l'orchestre de Chambre " car, avant de rendre compte d'un concert aussi remarquable que celui d'hier soir, il convient de centrer notre curiosité sur une notion qui semble ne pas avoir été précisée auprès du public ; en effet ce serait déjà un résultat appréciable, un bon acheminement vers le vrai Bach que d'obtenir un volume de sonorité ramené à celui pour lequel sa musique a été conçue.

Nous connaissons la composition des ses orchestres dans ses résidences diverses ; à Weimar en 1716, 4 instruments à archet, 1 basson, 4 ou 5 cuivres et les timbales ; à Côthen, 15 musiciens ; à Leipzig, pas beaucoup plus ; dans un mémoire de 1719, Bach donne l'état de l'orchestre qu'il souhaite avoir à sa disposition, dont l'ensemble ne dépasse pas 18 à 22 instrumentistes. Or, plusieurs fois, nous entendons la suite en Si mineur avec le grand orchestre normal ; la flûte ne ressort que dans la 2ème bourrée, la variation de la polonaise, et la badinerie finale ; en réalité, elle devrait occuper sans cesse le premier plan, puisque, même dans les Tutti, elle n'est doublée, dans l'intention du compositeur que par les premiers violons, qui ne sont pas plus de 2 ou de 3.

Que le lecteur nous excuse de ces divagations techniques introductives, mais ceci nous amène directement à louer l'orchestre de chambre du Conservatoire et les initiatives de son chef qui, hier, nous ont permis de goûter les véritables sonorités de l'orchestre préclassique d'avant 1750. L'exécution de la suite en Si mineur gagnait en clarté, grâce à la formation de l'orchestre et au souffle inlassable de Jean-Pierre Eustache. La même remarque est à faire pour le 5ème concerto Brandebourgeois : on lit en effet dans le titre du manuscrit autographe de Bach, l'orchestration, telle qu'elle est précisée : " une Traversière (flûte), un violino principal, un violino et una viola di repieno violoncello, violone et Cembala Concertato ", toutes choses respectées (à part bien sur le clavecin) par M.Stekel, eu égard aux dimensions de l'orchestre de chambre, toujours pour le plus grand bien de la compréhension de l'œuvre et de son exécution.

Madame Eustache-Dinand y brilla, proportionnant un jeu subtil et discret (très proches des sonorités du clavecin), à un petit ensemble de grande envergure. L'accord entre violon, flûte et piano était parfait. C'est toujours dans ce cadre que Mme Elphège interprète le Concerto pour violon en mi. Il n'est pas douteux que, ici encore, l'emploi de tout le quintette de nos orchestres symphoniques n'est pas moins inopportun ; le début de ce concerto nous en avertit : aux 4è et è mesures du premier Tutti, la moitié de la mesure est dévolue au soliste, pour une apparition fugace qui est dénaturée, si ce trait de 8 doubles-croches s'oppose à l'énorme sonorité de 30 violons Ripioni, Mme Elphège et ses accompagnateurs émus en nous rapprochant aussi près de l'esthétique du grand organiste de Leipzig.

Enfin, il nous reste à mentionner le Concerto Grosso n°7 en si bémol de Haendel qui introduisit ce concert, œuvre qui rappelle les larges phrases répétées et les effets de puissance de Carissimi et de Buxtehude, fort bien interprétée par un ensemble homogène. Les solistes de cette soirée, tous professionnels, pédagogues et artistes, lauréats de nombreux concours internationaux, qui poursuivent sans cesse une œuvre éducative remarquable, sont trop connus du monde musical pour qu'il soit nécessaire de faire tour à tour leur éloge. Ce concert était d'une exceptionnelle qualité ; agréable et formateur à la fois, mettant en parallèle l'inspiration de deux génies dans la même année (1685) C'est là une belle réalisation que de nous mettre ainsi en contact avec la vérité musicale : tout le mérite en revient à M.Stekel. Puisse-t-il nous y remettre très bientôt.
Le Dauphiné Libéré - 12 janvier 1960.

haut de la page


Les Concerts De la Société du Conservatoire
L'orchestre de chambre, Mme Eustache-Dinand, Pianiste
M. Guy Bordier, Bassoniste,
Leur chef, M. René Berthelot, et… Jacques Ibert
Triomphent au cours de la première soirée Symphonique

Tous les éléments du succès étaient dans ce concert aux multiples attraits qui a suscité, comme pouvaient l'espérer ses organisateurs, l'intérêt d'un grand nombre de mélomanes. On dut ouvrir une nouvelle fois les petits salons de l'institut pour y placer le trop plein du public.

La variété bien sûr, mais aussi la qualité. Au programme, en effet, des œuvres de J.S Bach à Jacques Ibert en passant par Mozart, Wagner, Fauré, Ravel et Chabrier, dont une part important de primeurs : le " Concerto en si bémol " pour basson de Mozart, et le " divertissement " de Jacques Ibert, plus le " 5ème Concerto brandebourgeois " que la plupart des présents entendaient pour la première fois en audition publique, de même que la version orchestrale inédite de M.René Berthelot du " Choral " de la Cantate " Jésus que ma joie demeure " de J.S Bach. En solistes, deux professeurs, récemment nommés au conservatoire d'Orléans : Mme Eustache-Dinand, pianiste, et M. Guy Bordier, Bassoniste, avec lesquels cette soirée nous donnait l'occasion et le plaisir de faire connaissance tout en appréciant leur talent.

Suivant l'ordre chronologique, le concert débutait par les œuvres de Bach. Le Choral de la Cantate 147 fut un régal pour les auditeurs férus de nobles et larges inspirations classiques. En portant sur le plan orchestral l'expression vocale de cette sublime et poignante méditation, M. René Berthelot a confirmé une science de la composition dont nous avons eu déjà maintes preuves en même temps qu'un sens musical très sur et un scrupuleux respect des textes. Les accents du trombone (M. Verdier) et de la trompette (M. Burtin), substitués aux voix, sont d'un effet véritablement saisissant.

Cette page fit grande impression. Il est vrai que l'orchestre s'y distingua aussi bien que dans le " 5ème Concerto brandebourgeois " qui suivit. En composant ses concertos " accommodés à plusieurs instruments ", Bach dépassait audacieusement son époque et ouvrait la voie aux précurseurs des concertos avec solistes et orchestres. Le 5ème avec le 1er sont les plus originaux de cette série de six dans lesquels le génial auteur fait preuve d'une richesse d'inventions inépuisables dans le jeu passionnant de l'harmonie et du contrepoint entre orchestre et instruments du concertino. Dans celui que nous entendîmes , clavier, violon et flûte sont promus au rang de vedette, le premier ayant un relief assez net, notamment dans le mélancolique allegro initial, au mouvement exceptionnellement ample et pathétique ou s'insère une longue et magnifique cadence pour le piano. L'adagio, dialogue entre la flûte et le violon empreint d'une rêveuse douceur, est une des plus belles pages de Bach.

Cette noblesse, cette clarté, cette sérénité ou cette émotion, cette rigueur rythmique et harmonique qu'on ne peut restituer qu'au prix d'un consciencieux labeur furent traduits d'une façon très expressive par l'ensemble des interprètes. M.Berthelot et ses musiciens s'étaient attachés à maintenir un parfait équilibre des volumes et des timbres instrumentaux et Mme Eustache-Dinand tempéra avec la discrétion voulue une partie primitivement conçue pour le clavecin. A certains moments, cependant, la flûte et le violon furent un peu estompés, tellement l'exact dosage des sonorités est difficile à obtenir selon la place qu'on occupe dans la salle.

Ce léger point de détail ne ternit absolument pas le mérite des exécutants, lesquels ont droit avec leur chef aux plus vifs compliments. La maîtrise, la musicalité, la virtuosité même dont ils firent preuve ont confirmé la certitude que nous avions déjà du réel talent des deux sympathiques professeurs de notre Conservatoire, Mme Ida Ribeira, flûtiste, et M. Alfred Couat, ioloniste et nous ont révélé celui non moins grand de Mme Eustache-Dinand. Tous trois font honneur à leur art et à leur enseignement.

Un accueil tout aussi chaleureux fut fait par la suite à M. Guy Bordier, chargé depuis la rentrée de la classe de Basson de l'établissement de la place Sainte-Croix. Quelle erreur et quelle injustice de croire cet instrument uniquement voué dans l'orchestre " à la voix du milieu " celle que l'on devine plus qu'on ne l'entend. Le basson, comme le violoncelle, dont il est le frère dans le groupe des " vents ", a ses titres de noblesse que d'illustres compositeurs comme Mozart, Weber et d'autres n'ont pas hésité à lui accorder. La richesse et le charme particulier de sa chaude et vibrante sonorité, son aptitude aux traits brillants lui confèrent à l'occasion un rôle primordial sous des apparences discrètes et haussent parfois ce géant méconnu au prestige du soliste. Comment de pas être conquis par la beauté de cet instrument quand il a pour le mettre en évidence un aussi génial compositeur que Mozart et un aussi admirable interprète que M. Guy Bordier ? Ce " Concerto en mi bémol " fut sans contexte un des attraits majeurs du programme, il surprit et captiva l'auditoire.

Et l'on ne sait ce que l'on apprécia le plus de la musique lumineuse et raffinée du maître de Salzbourg ou du talent que M. Bordier apporta pour la mettre en valeur : une maîtrise, une souplesse, une pureté de sons, une netteté d'attaques, un souci des nuances qui émerveillèrent l'auditoire. Comme les autres solistes, M. Bordier fut chaleureusement applaudi et avec lui M. René Berthelot et ses musiciens.

Ceux-ci devaient d'ailleurs se tailler un éclatant succès dans la seconde partie du concert en apportant la preuve d'un travail fécond et d'une somme de qualités intelligemment employés. Dans " Siegfried Idylle " tout d'abord, ou la cohésion, l'intensité expressive, le soin minutieux du détails contribuèrent à donner à cette page romantique tout la douceur, la tendresse et l'enthousiasme que son auteur voulut y mettre. Et, par la suite, dans le " Divertissement " de Jacques Ibert, qui fut un véritable Triomphe.

Entre ces deux œuvres, Mme Geneviève Eustache-Dinand était venue concrétiser pleinement des dons que nous avions discernés déjà. Elle avait choisi pour ce faire trois pièces de compositeurs français modernes dont l'esprit et le style s'accordent à la perfection avec son jeu délicat et sa sensibilité : la " Barcarolle en sol bémol ", de Fauré ; " Alborado del gracioso ", de Ravel et la " Bourrée Fantasque " de Chabrier. Cette admirable pianiste y fit valoir les ressources d'une technique sans défaut, mais, ce qui est mieux, un sens exact de l'interprétation, une musicalité, une grâce et une élégance qui emportèrent tous les suffrages.

Mme Eustache-Dinand et M.Guy Bordier rehausseront sans aucun doute le prestige de notre Conservatoire et avec eux M. Mourguiart nouveau professeur de piano également, dont on dit le plus grand bien et que nous aurons plaisir à entendre lors d'un prochain concert. Restait le " Divertissement " de Jacques Ibert, donné en première audition. L'enthousiasme que cette œuvre extraordinaire déchaîna dans la salle est difficile à traduire. Jacques Ibert est sans nul doute un apprenti sorcier aux formules orchestrales surprenantes, c'est aussi un homme d'esprit et un humoriste, et dans cette suite de pastiches sur la musique de la belle époque, il était impossible, comme le souligne M.René Berthelot, de traduire le vulgaire avec plus de distinction. Et nous ajouterons avec plus de dynamisme et de truculence, il y a véritablement dans ce " Divertissement " de quoi dérider les plus neurasthéniques. A plus forte raison ceux qui ne le sont pas.

Seuls, les interprètes y sont mis à rude épreuve. Et c'est là précisément où M. Berthelot et ses musiciens triomphèrent d'une façon magistrale en faisant la démonstration d'un brio, d'une subtilité, d'une maîtrise qui leur valurent une ovation si spontanée, si nourrie, si insistante qu'ils ne furent quitte qu'après avoir donné en bis le trépidant finale évocateur de french can-can.
Novembre 1961 - R.G


haut de la page


CONCERTS DU CONSERVATOIRE

Mardi, hommage à Gabriel Fauré


Gabriel Fauré est mort le 4 novembre 1924. D'importantes manifestations sont prévues, à Paris et en province pour commémorer cet anniversaire. Fauré est en effet l'un des plus prestigieux compositeurs de toute l'histoire de la musique. La société des concerts du conservatoire d'Orléans a donc tenu à participer à cet hommage national en organisant mardi 5 novembre, salle de l'institut, un concert consacré à ses œuvres. Cinq professeurs du conservatoire ainsi que M. finaliste Joubert, directeur, participeront à cette soirée musicale.

Denise Dupleix, récemment nommée à la tête de la classe de chant et d'art lyrique sera l'interprète d'une dizaine de mélodies du maître parmi lesquelles " Après un rêve ", " Les Rose d'Isaphan ", etc. Denise Dupleix qui est donc Orléanaise depuis ce début d'année a fait toutes ses études musicales au Conservatoire de Paris. Elle en est sortie avec un palmarès extrêmement brillant, accumulant les médailles et les prix de chant, opéra-comique, opérette, vocalises, pédagogie, esthétique musicale, comédie, etc. Sa carrière qui l'a conduite dans tous les pays du monde s'est également déroulée à Paris où elle a chanté à l'Opéra-Comique de 1950 à 1960. Elle sera accompagnée au piano par Françoise Joubert dont on connaît le talent musical et pianistique.

Un hommage à Gabriel Fauré se devait de comprendre quelques pièces pour piano seul. On pourra entendre la 3è Barcarolle, le 4è nocturne et le 2è impromptu, qui permettront d'apprécier Geneviève Eustache-Dinand, professeur dans notre école de musique depuis de nombreuses années qui s'était fait longuement applaudir lors de son interprétation du 4è concerto brandebourgeois, il y a quelques années. Le concert se terminera par le magnifique Quatuor en ut mineur, pour piano et cordes que joueront Françoise Joubert (piano), Marcel Beaujouan (violon), finaliste Joubert (alto) et Micheline Burtin (violoncelle).

Ajoutons que M. René Berthelot, directeur honoraire du conservatoire, grand admirateur et connaisseur de Fauré est l'auteur d'un article inédit qui sera inclus dans les pages du programme de ce concert. Place de 7 à 22 francs. Demi tarif aux étudiants et bénéficiaires habituels. Location au secrétariat du conservatoire, 4 place Sainte-Croix, 1er étage, au-dessus de l'entresol, le lundi 4 novembre pour les " Amis de l'Orchestre " puis le mardi 5 novembre pour les autres auditeurs. Bureau ouvert de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Location par téléphone, l'après-midi seulement (87.27.13).


CARNET DE DEUIL

Lundi 16 novembre 1987 43e année - N° 13 362

Grenoble, Paris - Mme Eric-Paul Stekel ; MM. et Mmes les Professeurs de l'Ecole régionale de musique de Grenoble; tous ses anciens élèves ont la grande tristesse de vous faire part du décès de

Madame Geneviève EUSTACHE-DINAND
Professeur de piano


Survenu prématurément le 14 novembre 1987, à Paris (Bois-Colombes) après une douloureuse maladie affrontée avec courage et dignité.


Mme EUSTACHE-DINAND
Ancien professeur du Conservatoire d'Orléans

Nous apprenons avec tristesse le décès de Mme Geneviève Eustache-Dinand, ancien professeur de piano au Conservatoire d'Orléans. Pianiste remarquable et professeur délite, Mme Eustache-Dinand avait obtenu un brillant 1er prix au Conservatoire national supérieur de Paris dans la classe du maître Marcel Ciampi. Elle fut lauréate de plusieurs concours internationaux, tels que le Prix Busoni, le Prix Maria-Canals, ainsi que les concours de Barcelone et de Rio de Janeiro. Professeur au Conservatoire de Grenoble en 1951, ville où elle donna plusieurs concerts, Mme Eustache-Dinand fut nommée en 1961 au Conservatoire d'Orléans. Dans cet établissement, où elle forma de nombreux élèves, dont plusieurs furent admis au Conservatoire de Paris, elle laisse le souvenir d'un professeur accompli et qui sut inspirer à ses élèves la plus vive affection. A son époux, flûtiste à l'Opéra, à ses enfants et à toute sa famille, nous adressons nos plus sincères condoléances.
(La République du Centre du lundi 16 novembre 1987)


Hommage à Geneviève Eustache-Dinand

La pianiste Geneviève Eustache-Dinand vient de s'éteindre à Paris, à l'age de 60 ans. Avec cet ancien professeur du Conservatoire national de Musique de Grenoble et plus tard d'Orléans, disparaît une grande dame de la musique. Sa carrière fut brillante : élève de l'Ecole normale de musique de Paris, puis du Conservatoire national supérieur de Paris (où elle suit notamment les cours de Marcel Ciampi), elle en sort en 1950 avec le premier prix de piano. Nommée peu après professeur au Conservatoire national de Grenoble, elle y reste jusqu'en 1961. Elle le quitte alors pour suivre son époux - professeur de flûte dans ce même conservatoire - reçu à l'orchestre de l'Opéra de Paris. De son mariage naîtront 3 enfants, Eric-pierre, Isabelle et Philippe. Elle poursuit sa carrière de professeur au Conservatoire national d'Orléans.



Parallèlement à son enseignement, elle se consacre à une carrière de concertiste et de soliste au sein de l'Orchestre symphonique de Grenoble (direction Eric-Paul Stekel), de celui de l'O.R.T.F. de Lyon, et multiplie concerts et récitals. Elle participe également à différents concours internationaux : en 1953 à celui de Bolzano (concours Busoni), en 1959 à ceux de Barcelone et de Rio de Janeiro (semi-finaliste). Elle associait à une technique parfaite une grâce persuasive, une sensibilité aiguë, et savait admirablement doser bravoure et légèreté. Elle excellait dans des œuvres qui demandent à la fois de la puissance et de la délicatesse : Schumann (Kreisleriana), Debussy (L'Isle Joyeuse), Fauré (Barcarolles), Chabrier (Bourrée Fantasque), Ravel (Alborada del Gracioso), Rachmaninov (2è concerto) et même des œuvres de Stekel qu'elle fit connaître au public Grenoblois. Aux yeux de ses élèves, elle incarnait la musique dans sa passion, sa rigueur et sa générosité à tout partager.
Dauphiné Libéré du samedi 12 décembre 1987 - 43 ème année - n°13 385

Copyrights ©  2003   Webmaster:  Philippe EUSTACHE

haut de la page